Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Noemie Noe, pour une Bretagne Moderne

20 avril 2015

Régionale Bretagne 2015 : ce ne sont pas les soeurs Goadec qui ont rempli l'Olympia

buildings-123780__180

Comme à chaque fois, l’élection régionale de Bretagne est le support d’activités quasi onanistiques de la part de troll breizhou sur la toile, de ces trolls breizhou qui doivent fréquenter rarement les préoccupations d’emplois, de pouvoir d’achat, de transport ou de logement des 97% de Bretons qui votent en fonction de choix socio-économiques et pas en fonction de la taille du drapeau herminé sur la mairie de Carhaix.

Quel est leur équivalent chez l’ado moyen d’un mauvais nanar de Marc Dorcel ? Le rassemblement de tous les breizhou (une foule quoi) derrière un petit gars trapu maire d’une petite cité isolée dont les maisons anciennes tombent en ruine.

En voilà qui doivent pas souvent aller dans la vraie vie des Bretons pour fantasmer sur le fait que l’addition de différents groupuscules faisant peu ou prou 5% sur des territoires différents (et souvent beaucoup moins là où habitent beaucoup de gens) ferait 10 ou 20% partout. La magie quoi : 5 à Pluneret + 5 à Guipavas = 10 à Rennes, voilà le raisonnement du korrigan qui trolle. Bref, y en a qui feraient mieux de retourner faire des maths au lieu de se palucher sur un bonnet, fut-il rouge.

Et pourtant, oui, il est essentiel qu’une classe politique réellement régionaliste ou autonomiste, qui ait la Bretagne au cœur comme ils disent à Ludébé, émerge enfin pour que la Bretagne mette en œuvre les politiques ambitieuses dont elle a besoin. Alors, comment faire, quelle logique suivre ?

En gros, disons que les réseaux politiques régionalistes sont dans le même état que ceux de la musique bretonne dans les années 50 : quelques braves, de gauche et de droite, entretiennent la flamme, assurent la transmission, mais aucun ne peut organiser l’équivalent politique du festival de Lorient, ni même de Yaouank à Rennes.

Nous sommes encore au moment où les sœurs Goadec amusent Poullaouen, où Bodadeg ar Sonerion forme des jeunes, mais où on a pas encore trouvé Jean-Pierre Pichard et Alan Stivell. Et c’est pourtant ces deux derniers qui ont su pour la musique trouver les masses, parler aux villes, bref, entrer dans la modernité.

Car oui, le maire de Carhaix, c’est les sœurs Goadec. Un truc qui marche dans l’ouest du centre-Bretagne. Mais c’est pas les sœurs Goadec qui ont rempli l’Olympia en 72. Et après cet Olympia, les urbains s’encanaillaient à écouter les Goadec, mais bon, hein, un quart d’heure de voix éraillées ça va bien pour le flolklore, mais pour avoir du fun, pour dragguer et avoir une véritable ambiance collective, l’urbain convertit se déchaine sur les Du ou Ar Re Yaouank. Alors oui, le gars de Carhaix, on le voit un peu sur Béèfèmtévé. A la manière des reportages de la chaine unique de l’ORTF en noir et blanc venue filmer le pittoresque  des campagnes bretonnes. Bref, du folklore pour parigots.

Quant à Ludébé, c’est BAS. Cette cohorte de bagadou formée après des évènements tragiques pour entretenir la flamme, former la jeunesse, préparer l’avenir. C’est le bagad des cheminots d’Auray, des ouvriers de Brest, et même un peu Bleimor. Mais bon, c’est pas encore l’audimat du bagad de Vannes de 2015, là aussi on est encore dans les années 50, c’est le sympathique spectacle qui réunit 300 personnes sur la place de Guérande.

Mais là au moins, il y a du germe, il y a de la graine. Les éclaireurs de l’Olympia en 72, ils sont passés par Bleimor, par BAS. C’est le travail de fourmi de bénévoles discrets qui a permis cette éclosion. C’est pas les sœurs Goadec qui ont frappé les urbains en 72, c’est les élèves de BAS.

Et c’est là que les trolleries des korrigans en prennent un coups. Les élèves de BAS, pour arriver à l’Olympia en 72, est-ce qu’ils se sont appuyés sur les sœurs Goadec ? Nan. Si, ils partageaient un répertoire, ils ont reçu la même transmission. Mais ce qui a fait leur succès, c’est que Stivell et ses potes ont dialogué avec les façons de faire de Bob Dylan, de Joan Baez, etc.

Or, si dans nos ORTF modernes, les Salut les Copains politiques sont trustés par des Sardou, Antoine, Dick Rivers et autres Eddy Mitchell, sur le terrain émergent des pratiques politiques citoyennes qui seraient les Bob Dylan, Joan Baez et autres de Woodstock d’aujourd’hui. Ces petits Woodstock du quotidien, c’est dans les villes et leurs couronnes qu’on les trouve.

Pour vivre l’Olympia 72 de la politique bretonne, c’est cela qu’il faut construire : mélanger les élèves de Ludébé et les Bob Dylan urbains. C’est de cette rencontre que peut naitre un nouvel imaginaire, une Bretagne moderne assumée. Ce n’est pas de la ferme des sœurs Goadec qu’on conquiert Rennes.

Redisons aux trolls que si on fait 30% à Scrignac et à Roudouallec, mais 4% à Rennes et à Vannes, la moyenne ne fait évidemment pas 17%. Il faut donc une affiche qui attire le public là où il vit en nombre. On peut mettre les sœurs Goadec sur l’affiche, par respect. Mais un quart d’heure de crécelle, ça suffit pour faire verser une larme à la midinette. Après, c’est Sonerien Du et Carré Manchot qui font danser, c’est Stivell et Dan ar Braz qui amènent du monde.

Ludébé est juste la BAS, c’est pas suffisant pour percer en ville. Un ancien porte-parole de chez eux l’a compris. Après avoir échoué à se faire entendre à Lorient, il s’est implanté durablement en banlieue de Brest. C’est dans ces pourtours de ville que Ludébé commence à attirer des Bob Dylan : dans le sud rennais, des ex socialistes les ont aidé à sortir de l’anonymat.

Ils leur faut maintenant parler aux Joan Baez de Brest et Rennes.

En imaginant d’enfermer les futurs Stivell sous la coupe des sœurs Goadec, les trolls qui ne voient pas l’utilité folklorique du maire Carhaix pour ceux du Top 50 font perdre encore 10 ans pour construire l’Olympia 72 de la Bretagne politique. L’avenir est là où le public se trouve.

 

 

(note : passons sous silence les délires de ceux qui non cités ici ne sont même pas des groupuscules. Laissons les roter leur bière, n'importe quel écolo, n'importe quel maire de banlieu font plus pour la Bretagne que les commentateurs de l'Abépé).

Publicité
Publicité
Noemie Noe, pour une Bretagne Moderne
  • Humeurs d'une Rennaise exilée dans une banlieue en béton. Passionnée de musique bretonne, je commence à regarder la Bretagne politique, avec un penchant méfiant pour l'UDB, et un penchant prudent pour les initiatives citoyennes.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité